Pour nous tous, elle était Rose_Lilas une présence attachante, rigoureuse et sensible venue illuminer Twitter en initiant une #guerredulangage pour nous engager à ne pas nous laisser piéger par les mots qui détruisent nos repères et sèment la confusion. Rose a fait reculer la novlangue pour les personnes qui participaient à ce que certains avaient appelé le salon rose.
Si le mot « vaccin » était utilisé pour leurrer la population et détruire notre santé plutôt que la protéger comme un vaccin était censé faire, il ne fallait plus employer ce mot mais en utiliser d’autres ou en inventer.
Comme un groupe de créativité au fil de l’eau, avec Rose, nous avons réécrit avec nos mots l’histoire que d’autres veulent écrire à notre place avec pour projet la réinitialisation et la dépopulation. Cet exercice de réappropriation du langage a été salutaire au moment où nos vies étaient soumise au QR code du passe de la honte.
Nous avons été plusieurs à encourager Rose à transcrire cette réflexion collective dans un blog. Elle l’a fait à sa façon. J’espère que le Covidocène sera longtemps consultable et que parmi ses proches, certains parviendront à faire éditer ses travaux.
Cette résistance du langage prendra sa place dans l’Histoire lorsque l’on cherchera dans les eaux glauques de cette sale période les nénuphars qui jaillissent comme des pétales d’espoir.
Rose manque cruellement au moment où tout vacille où les amis résistants d’hier peuvent devenir des ennemis parce qu’on a tous en nous quelque chose de Palestine ou peut-être la mémoire de proches emportés par la barbarie nazie. Mais aujourd’hui, l’histoire est sens dessus dessus. Nous aurions besoin des mots qui aident à réfléchir, des mots qui ne se confondent pas avec instrumentalisation de l’émotion, des mots qui nous relient sans jugement et qui éclairent le chemin chaotique actuel pour que nous retrouvions LE Sens.
Ces mots, il faudra désormais les trouver sans Rose qui nous a quittés dans ces terribles instants.
Il y avait entre Rose et moi, un lien dont je mesure dans le manque toute la fragile intensité.
Fragile car sur les réseaux sociaux, nous sommes à la merci de n’importe quelle censure qui peut nous balayer du jour au lendemain.
Lorsque j’ai envisagé de quitter X pour VK fin août , Rose est venue m’y rejoindre un bref instant J’ai eu l’occasion de voir son visage en photo pour la première et la dernière fois puisqu’elle l’a enlevée juste après en s’éclipsant après ce petit signe de reconnaissance.
Lien intense aussi parce qu’elle a souvent été sensible aux abîmes traversés malgré moi. Elle est intervenue pour relayer l’inquiétude de ma famille craignant de ne pas pouvoir récupérer toutes nos œuvres restées des mois dans notre ancien appartement évacué en catastrophe après un effondrement.
Rose a partagé mon effroi devant le fait que l’assassinat d’un ami de mon fils par son père qui s’est suicidé ensuite était considéré comme une bonne mort sous prétexte que Matthieu était autiste Asperger.
Elle a relayé beaucoup de mes articles, les a commentés sur Twitter. Elle soutenait la démarche picturael de mon fils Grégoire.
Elle était présente, tant qu’elle pouvait où il le fallait jusqu’à assister à l’hommage du Professeur Luc Montagnier à ses funérailles.
C’est dur de parler de Rose à l’imparfait tant cette femme donnait l’impression d’être parfaite.
Mon amie Rose n’est plus de ce monde mais son âme danse dans ce jardin paisible qu’elle a retrouvé.
C’est pourquoi, j’ai voulu illustrer cet hommage à Rose par un extrait de la très jolie chanson de Françoise Hardy « Mon amie la rose ».
Le Grand Dictionnaire du Covidocene – Mots neufs contre novlangue piégée (wordpress.com)