L’IVG dans la Constitution est un cheval de Troie

L’inscription de l’ IVG dans la Constitution n’a rien d’anodin. Rien ne le justifiait car depuis la loi Veil en France, aucun parti politique n’envisageait son abrogation.

Comme tout ce qui est excessif, cette constitutionnalisation de l’avortement réveille les passions, donne une tribune au pro-life ce qui est contre-productif car toute remise en cause de l’IVG est une terrible régression pour les femmes.

Ce n’est peut-être pas suffisamment dit, mais une IVG n’est pas une méthode contraceptive. On ne va pas avorter comme on va chez le dentiste.

Il y a très longtemps, j’ai eu recours à une IVG, à huit semaines de grossesse. Ce fut d’une grande violence car ce bébé, je comptais le garder et l’élever seule. Je lui avais trouvé un prénom Gaël (ou Gaëlle )..J’avais pris rendez-vous avec la maternité des Lilas et eu ma première échographie,. Et j’ai craqué. Ma famille très hostile à ma grossesse a tout fait pour me décourager. Le père du bébé était un handicap plus qu’un soutien. Il faisait partie du problème . J’ai analysé la situation et réfléchi aux conséquences de ma décision lors d’un week-end de psychothérapie de groupe. Il m’a paru plus sage de ne pas garder ce bébé. La gynécologue militait pour la liberté de choisir mais était enceinte. Ça m’a fait un drôle d’effet. A l’époque, c’était sans anesthésie et j’ai accepté de voir l’embryon. Je voulais être dans la pleine conscience de mon acte. L ’embryon faisait sept à huit centimètres. C’était une vie en gestation mais ce n’était pas un bébé.

Les semaines qui ont suivi, je me sentais vide. Mon corps n’éprouvait plus de sensation et patiemment j’ai pu me reconstruire. Comprenant que je n’étais pas faite pour élever un enfant seule, les années qui ont suivi, j’ai cherché un homme sur lequel je pouvais m’appuyer pour fonder une famille. Je l’ai trouvé ; ça fait quarante ans que nous sommes mariés.

Je ne sais pas si je serais allée jusqu’à vouloir interrompre une grossesse en mettant ma vie en danger comme c’était malheureusement le cas avant la loi Veil. A l’époque, ma gynécologue me disait que lorsqu’elle était interne, il n’y avait pas une semaine sans qu’arrive aux urgences une femme entre la vie et la mort pour avoir tenté d’avorter.

Tous ceux qui font la leçon en disant qu’un avortement est un infanticide- Le plus souvent ce sont des hommes – feraient mieux de se taire … Une IVG les trois premiers mois de grossesse, ce n’est pas pareil qu’en fin de grossesse mais un homme ne peut pas savoir. L’embryon n’est pas un fœtus. Avorter quand le bébé est arrivé à terme ? c’est un infanticide. Dès que le fœtus est viable en dehors du corps de la mère, on peut dire que c’est un bébé.

A force de dire qu’avorter à quelques semaines de grossesse, c’est un meurtre on banalise le véritable infanticide ( en fin de grossesse et en extrapolant un peu, pourquoi pas après la naissance?).

Ma génération est celle du manifeste des 343 salopes qui dans le Nouvel Obs avouaient avoir avorté. Si l’on devait redevenir une salope par le simple fait d’avoir avorté, et bien je revendiquerais d’être une salope.

La loi Veil ne doit pas être remise en question. Une vie en gestation dans le ventre d’une femme, concerne en priorité la femme qui la porte et dont le destin peut-être chamboulé et partiellement bousillé par une maternité qu’elle n’est pas en mesure d’assumer. Si l’on ne tient pas compte de ce que vit cette femme, elle devient une mère porteuse, un ventre !

Les intégristes de la Vie au détriment de la souffrance des femmes prêtes à mettre leur vie en danger pour ne pas garder l’enfant me font penser aux intégristes de la planète . Je n’aime pas les intégristes quels qu’ils soient. Quand à dire que ces femmes peuvent faire adopter leur bébé, c’est un peu facile. Une fois né, le bébé peut être vendu, alimenter des trafics d’enfants, être adopté par des couples pervers. Si une femme ne veut pas mettre un enfant au monde par peur de ne pas pouvoir lui assurer l’avenir qu’il serait en droit d’attendre, ce n’est pas pour craindre qu’il ne tombe pas entre de bonnes mains

Une femme qui élève seule un enfant se met parfois en couple avec le premier homme venu croyant pouvoir compter sur son soutien. C’est dans ce contexte familial, qu’il y a le plus de femmes battues et d’enfants maltraités. Lorsqu’elle assume tout, entièrement seule, la moindre fragilité psychique ou sociale l’expose à voir son enfant retiré par les services sociaux.

N’en déplaise à certains, je soutiendrais toujours l’IVG pratiquée dans des conditions raisonnables, telle que définie par la loi Veil.

Mais pourquoi inscrire l’ IVG dans la Constitution ? Certainement pas pour des raisons féministes : La loi y suffisait Cette inscription dans la Constitution est cheval de Troie ; La mort est désormais dans les gènes de notre République et d’autres inscriptions macabres suivront.

Avec la constitutionnalisation de l’IVG, la suppression de clause de conscience des médecins est lourde de conséquences . Si c’est contraire à ses convictions religieuses, peut-on obliger un gynécologue obstétricien à pratiquer une IVG précoce ou pire encore en fin de grossesse lorsque le bébé est en état de naître ?

Si la constitutionnalisation de l’IVG m’inquiète, c’est qu’elle sera bientôt suivie de celle de l’euthanasie. A peine votée, une loi sur l’euthanasie deviendra constitutionnelle abolissant également la clause de conscience des médecins. C’est probablement le but non-avoué de cette inscription dans la Constitution.

Très loin de l’esprit des premières déclarations des Droits de l’Homme qui concédaient au citoyens le droit de vivre au mieux dans la société, notre Constitution est de plus en plus tournée vers la mort.

Une Constitution peut se changer et par une ironie du sort, la seule communauté qui pourrait en faire sortir l’IVG est celle qui constitue la majeure partie de l’électorat de LFI (à l’origine de cette inscription) . Si un jour les islamistes prenaient le pouvoir en France c’en serait finie de l’IVG comme de la loi Veil.

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