Un meurtre déguisé en euthanasie compassionnelle

Il s’appelait Matthieu. Il avait 38 ans. Sa vie s’est arrêtée un dimanche de juillet quand son père l’a abattu à la carabine à 8 h du matin avant de se suicider. Mathieu était autiste.

Certains se diront qu’il n’est pas toujours facile de vivre avec une personne autiste. J’en sais quelque chose, mon fils étant lui aussi autiste Asperger. Il vit sous le même toit que son père et moi dans notre petite famille d’artistes. Ce n’était pas le cas de son ami Mathieu.

Depuis des années, Mathieu exerçait un emploi de croque-mort. Il avait un logement à Bordeaux conduisait sa voiture et n’allait dans sa famille à la campagne que pour les vacances et parfois le week-end en grande partie par dévouement envers ses parents âgés.

Si dans son enfance Mathieu avait été scolarisé dans un centre pour enfants handicapés, depuis, il avait parcouru un long chemin. Il cherchait une voie spirituelle dans le christianisme alors qu’à l’origine il n’était pas baptisé.

Il y a une dizaine d’années, il est allée pendant un an avec des frères missionnaires au Burkina Faso où il a enseigné les mathématiques qui avec l’informatique étaient l’une de ses passions.

Sa quête spirituelle l’ avait mené chez les Mormons d’où il est parti ne se sentant pas suffisamment accepté dans le groupe retournant vers l’église catholique. Il envisageait de devenir moine.

Comme beaucoup de personnes autistes, Mathieu pouvait avoir des réactions déconcertantes tenant des propos parfois inappropriés parce que « c’était la  vérité  » et qu’il ne trichait pas. Malgré ses amis, il souffrait de solitude, déçu de pas avoir réussi à nouer une relation avec une femme car l aurait aimé se marier et fonder une famille.

Son emploi au pompes funèbres le déprimait et peut-être plus particulièrement depuis qu’il faut enterrer des gens de plus en plus jeunes et des bébés victimes des injections anti-covid . Mathieu avait parfois évoqué des pensées suicidaires.

Si un membre de notre famille est déprimé, on ne résout pas son problème par un coup de carabine. Si on se sent impuissant à l’aider et qu’on le pense en danger, il faut le faire hospitaliser lorsque la pulsion suicidaire est trop forte. Mais Mathieu était soutenu par un groupe de prière animé par un prêtre que j’ai connu il y a longtemps. très humain et très compréhensif.

Qu’est-ce qui a poussé son père à l’abattre froidement au saut du lit ou peut-être même dans son sommeil ? Nous ne le saurons jamais. Pourquoi ce brusque déchaînement de violence paroxystique lui faisant commettre l’irréparable ? Il n’a pas été dit qu’il souffrait d’une maladie grave ni qu’il était atteint de la maladie d’Alzheimer. S’agissait-il d’une décompensation liée aux injections contre le Covid qui semblent parfois rendre les gens plus agressifs ? En tout cas, son geste n’avait rien d’impulsif.

On pourrait parler d’un drame familial si ce fait divers n’était pas devenu un fait social inquiétant.

A l’enterrement commun de Mathieu et de son père , il a été question d’une lettre de son père qui faisait penser à une euthanasie compassionnelle, un acte d’amour parce que son fils allait mal.

C’est là que ça devient inadmissible . Il y a eu dans le village un consensus pour rendre acceptable un geste qui devait fermement être condamné. Si l’on peut comprendre que des gens prient pour la paix de l’âme d’une personne ayant tué son propre fils, rien ne justifie que l’on excuse son geste et encore moins que l’on l’approuve.

Cette famille était appréciée dans le village. La mère avait été une élue municipale. La question obsédante est alors : « Comment une personne qui est des nôtres, qui nous ressemble peut-elle accomplir un tel acte? » Un assassin sommeille-t-il en chacun de nous.

La justification de l’euthanasie compassionnelle a rassuré tout le monde. Oui c’est par amour que le père de Mathieu a agi. La morale est sauve et ce village tranquille peut retourner à ses occupations.Et tant pis, si l’on a fait passer Matthieu pour le « légume » qu’il n’était pas, bien au contraire.

Or pour rappel, l’euthanasie n’est pas légale, elle est plus ou moins tolérée dans un cadre médical en cas de maladie grave et uniquement à la demande de la personne qui souhaite mourir. Matthieu n’avait pas demandé à mourir.

En aucun cas un membre de la famille ne peut en euthanasier un autre même par compassion. C’est un meurtre. Si c’était autorisé, il est facile d’imaginer les dérives possibles : Proches pressés de touchers leur héritage déclarant avoir tué par compassion.

Le suicide du père de Mathieu n’absout en rien l’horreur de son geste. Il l’a su et c’est pourquoi il s’est donné la mort.

Le consensus d’acceptation de l’idée que le meurtre d’une personne autiste est un acte d’amour est très grave et prépare un génocide envers les personnes handicapées.

Qui a le droit de décider qu’un proche ne doit mourir? Selon quels critères ?

La dépression ? Depuis deux ans, 40 % de la population est plus ou moins dépressive.

L’autisme ? Mais qui nous dit que les personnes autistes ne font que souffrir ? Qu’en savons-nous ? Les interactions sociales les blessent souvent et leur donnent le sentiment d’être incomprises . Mais lorsqu’elles sont captées par ce qui les passionnent elles connaissent de vrais moments de bonheur.

Notre société se prépare au pire. Déguiser un crime en acte d’amour est d’une grande violence car le message envers les personnes autistes est que pour elles, la mort serait préférable à la vie. Comment voudrait-on que ces personnes se sentent vraiment en confiance au milieu des autres ?

Repose en paix Mathieu, martyr innocent, toi qui cherchais Dieu et qui ne demandait qu’à servir et à aimer. Te voilà devenu un ange loin de cette humanité qui n’a rien compris.

Rappelle-toi….

Rappelle toi … La vie était agréable même si tu ne le savais pas. Tes enfants étaient contents d’aller à l’école car ils allaient y retrouver leurs copains. Tes vacances étaient insouciantes.

Les filles étaient belles lorsqu’elles souriaient. Les fêtes de familles rassemblaient toutes les générations et mamie câlinait ses petits enfants.

Si tu mettais un bébé au monde, tu espérais pour lui une vie emplie d’amour et de promesses de bonheur et de réussite.

Si tu n’avais pas de problème de santé particulier, tu savais te maintenir en forme.

Malade, tu faisais confiance à ton médecin pour te donner les médicaments qui t’aidaient à guérie. Tu te moquais pas mal des virus, des rhumes. Tu n’y pensais même pas sauf quand une grippe venait te rappeler que c’est parfois pénible et fatigant mais tu savais que ça faisait partie des risques de la vie au même titre qu’une gastro ou une bronchite.

Tu étais libre d’aller où tu voulais et tu n’imaginais même pas qu’il soit possible un jour de t’interdire certains lieux.

Cet article a initialement été publié sur mon site Covidentes covidences que je reprends un peu transformé en août 2023. Il s’appelle désormais  » Covidingueries«