Le suicide du juge Lambert et la responsabilité des médias

Est-on vraiment obligé de passer par la case « suicide «   pour avoir droit à l’empathie et au respect ? Si tel est le cas c’est à titre posthume bien sûr, ce qui signifie que la dignité humaine est intemporelle et que les mots qui contribuent à la mémoire d’une personne défunte définissent ce qui fut le sens de sa vie.

Cette réflexion me vient après le suicide du juge Lambert englouti à son tour par la malédiction qui pèse sur l’affaire Grégory.

Si l’on pouvait encore hier regretter des erreurs dans les décisions qu’il a prises, aujourd’hui, on ne peut que saluer la mémoire d’un homme qui a agi en son âme et conscience, selon ce qu’il croyait juste…

En faisant de la personne qui met fin à ses jours un martyr, le suicide apparaît dans certains cas comme une ultime tentative de réhabilitation aux yeux de la société.

Ceci n’est vrai que lorsque cet acte désespéré est motivé par un sentiment d’incompréhension ou d’injustice. A l’opposé, le suicide d’un tueur en série ne fera jamais de lui une victime et encore moins un martyr.

Le suicide du juge Lambert est de ceux qui interpellent car de toute évidence il a été précipité par la complaisance malsaine des médias envers l’affaire Grégory. Quelques heures avant son acte désespéré, BFM TV rendait public des éléments des carnets du juge Simon (qui lui avait succédé) mettant en cause la façon dont le juge Lambert ( surnomme par la presse le petit juge) avait mené l’enquête, notamment lorqu’il avait inculpé Christine Villemin (totalement innocentée depuis), ce qu’il considérait comme une très grave erreur judiciaire.

Pourquoi avoir remis le juge Lambert sur le devant de la scène médiatique , alors qu’il avait pris sa retraite ?

Bernard Laroche est mort. Le juge Lambert est toujours resté persuadé de son innocence mais saura-t-on un jour ce qu’il en était ? Christine Villemin a été définitivement réhabilitée. Reste que l’on ne sait toujours pas qui a tué le petit Grégory il y a 33 ans.

Je peux me tromper mais à moins de preuves scientifiques incontestables, je ne pense pas que l’on découvre un jour, la vérité. Muriel Bolle ne parlera sans doute que pour clamer son innocence.

Trentetrois ans après les faits que signifient des témoignages récents qui surgissent dans un dossier ? Ce que retient la mémoire n’est pas automatiquement les faits tels qu’ils se sont produits. Ainsi peuvent s’effacer des événements trop douloureux ou insupportables à la conscience et la pensée participe à une réinterprétation de certains faits qui sont alors affirmés comme véridiques. Il ne s’agit pas forcement de mensonges puisque la personne dont le cerveau a réécrit une partie de son histoire est « sincèrement « convaincue de sa version actuelle des faits. Mais ce n’est pas pour autant la Vérité.

Il est révoltant de savoir que les assassins du petit Grégory ne seront peut-être jamais condamnés par la justice mais les médias portent une lourde responsabilité en ayant mis une insoutenable pression sur tous les protagonistes de cette affaire.

Depuis hier, il y une victime de plus mais est-il vraiment nécessaire de faire ressortir les fantômes du passé pour divertir les foules ? Que les médias se taisent enfin, s’il reste une infime chance de connaître un jour la vérité.

Mais aujourd’hui ma pensée va au juge Lambert. Paix à son âme !

L’espoir et la fatalité

 

Au petit matin, je me suis éveillée avec une impression à fleur de rêve : Le souvenir d’une  pièce de théâtre à quatre personnages : Un couple était confronté à deux femmes, l’une aimable et positive voyant ses actions contrées par une fouteuse de merde déclenchant des catastrophes. Les détails de ce rêve se sont progressivement effacés et si je devais écrire une pièce à partir de là, tout resterait à inventer. Deux mots me sont venus, l’espoir et la fatalité. Je n’avais pas vraiment conscience que la fatalité était l’antidote de l ‘espoir mais à présent ceci me semble une évidence.

Et s’il ne s’agissait pas de théâtre ? Ma dernière pièce date de dix ans et je ne suis plus disposée à en écrire d’autres si je ne peux pas me dire qu’elles seront jouées un jour

D’ailleurs, j’ai oublié le théâtre et surtout la vie qui va avec. En moi, il n’y a plus de personnages attendant d’être créés pour habiter des bribes de fiction incarnés par d’hypothétiques comédiens. Je leur ai rendu leur liberté et les ai laissés filer.

C’est là qu’intervient madame fatalité. Est-elle la sœur du désespoir, la fille de la lucidité, la mère de tous les échecs ? Il est vrai que dans mon rêve, elle avait des allures de femme fatale. Je l’imagine portant un parchemin où sont consignés tous mes combats perdus et je comprends qu’il me faudrait baisser les bras.Je me demande où est passé la porteuse d’espoir. Sans doute partie avec tous ces personnages que je n’ai pas su retenir.
Et si l’espoir et la fatalité ne faisaient qu’un ? Baisser les bras n’est pas qu’un signe d’abnégation devant d’insurmontables obstacles mais juste un lâcher-prise, 
une façon de refuser l’adversité pour laisser venir ce qui doit être. L’espoir, c’est de pouvoir éprouver le bonheur de cette belle trêve intérieure.