Au vu de la teneur mortifère du projet de loi sur l’euthanasie, est-il encore nécessaire d’alerter les gens qui croient encore que cette loi est destinée à soulager le souffrance en phase terminale d’une maladie incurable? A moins de ne pas chercher à savoir ce que propose cette loi qui peut encore être assez naïf pour le penser ?
Lorsque des gens évoquent l’intolérable souffrance d’un proche à cause de l’acharnement thérapeutique il s’agit presque toujours des militants de l’ADMD qui dans la foulée évoquent la liberté: « Mon corps mon choix « ou encore « Si vous n’en voulez pas pour vous laissez aux autres cette liberté ! ». Sauf qu’il s’agit d’une inversion accusatoire parce que la liberté de gens qui demandent à une tierce personne de les tuer entraînera dans son sillage des euthanasies abusives de gens qui au moment du geste létal ne voudront pas mourir.
Lorsqu’il y a quelques décennies, le Grand Orient de France a créé l’ADMD pour promouvoir le droit de mourir dans la dignité, l’argument de la phase terminale d’une maladie incurable était encore recevable. Beaucoup de gens étaient traumatisés par l’agonie d’un proche, mort d’un cancer. L’acharnement thérapeutique apparaissait comme une torture et personne ne voulait pas vivre ça. Les soins palliatifs n’existaient pas encore. Ils ont été une réponse humaine à l’accompagnement des malades en fin de vie. Depuis, bien qu’imparfaites deux lois initiées par Jean Leonetti ont mis fin à l’acharnement thérapeutique.
Pourquoi vouloir cette nouvelle loi qui hors cadre éthique devient une machine à tuer les personnes par la maladie, le handicap, la dépression, la vieillesse ou la pauvreté ?
Lorsque les gens se rendront compte de la portée de cette loi, il sera sans doute trop tard car il ne sera plus possible de revenir en arrière.
Pour beaucoup de personnes, la mort administrée en fin de vie est assimilée à un geste d’amour lorsque la souffrance d’un être aimé est ressentie comme une épreuve difficilement supportable. Cet être aimé est parfois un animal de compagnie. Accompagner son chien ou son chat chez le vétérinaire pour le faire euthanasier est un déchirement accepté lorsqu’il n’y a plus rien à faire.
S ‘agit-il de la même chose lorsqu’il s’agit d’un être humain ? Non, car si l’on peut aimer son animal plus qu’un parent, son enfant ou son conjoint (ça existe) l’animal ne parle pas et ne peut pas exprimer sa dernière volonté. Bien que souffrant d’un cancer et ne s’alimentant plus, un des chats de ma mère a mené son dernier combat pour tenter ne pas se laisser attraper et conduire chez le vétérinaire.
Toutes les équipes en soin palliatifs s’accordent à dire que beaucoup de personnes peuvent demander la mort quand elles souffrent et ne plus la vouloir quand la douleur est traitée. Concernant les animaux, les soins vétérinaires ont beaucoup progressé. Certains vivent avec des prothèses alors que trente ans plus tôt ils auraient été euthanasiés.
Les animaux de compagnie ne sont pas libres : Vaccinés, pucés stérilisés, parfois enfermés dans des appartements, tenus en laisse ne faisant leurs besoins que lorsque leur maître le décide. Il n’y a rien d’étonnant à ce que leur maître décide du moment de leur mort lorsqu’il n’y a plus rien à faire et que l’animal souffre trop et qu’il n’y a pas de soins palliatifs.
Aucun être humain n’est le maître d’un autre ne doit donc pas avoir le droit de décider de donner la mort à un malade sur selon sa propre conception de la souffrance et de la dignité.
Même avec beaucoup de chagrin, on peut faire piquer son animal malade. « On achève bien les chevaux ». Il demeure notre animal chéri dans notre cœur et nos pensées.
Il existe des exceptions qui bousculent l’éthique lorsque l’état de la personne ne lui permet plus d’exprimer sa volonté comme ce fut le cas pour Vincent Lambert. Ce n’est pas une loi autorisant à tuer hors de tout cadre éthique qui va résoudre de telles situations. Elle va au contraire les aggraver en faisant peser une menace sur toutes les personnes handicapées.
Si Robert Bandinter était défavorable à la légalisation de l’euthanasie, il pensait que ces situations particulières devaient être portées devant la justice habilitée à rendre son jugement après en avoir étudié des critères éthiques.
« Lorsque l’appel à la compassion sert de morale sociale, la manipulation n’est pas loin. Pour Krishnamurti : « Lorsqu’il y a propagande ou discours moralisateur, il n’y a pas de compassion . » (1)
Il est vrai que la loi sur l’euthanasie ne s’embarrasse plus de morale social ni d’appel à la compassion. Dans un lapsus qui résonnait comme un aveu, la ministre Catherine Vautrin a utilisé le mot « victime pour évoquer les candidats à l’euthanasie « . La spirale mortifère qui légalise l’homicide euthanasique échappe à ses créateurs. Une fois lancée, rien ne pourra l’arrêter. Mais qui est le véritable créateur de cette machine à tuer ?
Cité dans mon livre : » Donner la mort, ce n’est pas soigner » BoD chapitre 1 : « La compassion politique est suspecte »
https://librairie.bod.fr/donner-la-mort-ce-nest-pas-soigner-martina-charbonnel-9782322537747
Il y a quelques années, ma belle-mère a commencé à souffrir d’Alzheimer… Commentaire de sa fille : ”quand tu vois que tu ne sers plus à rien, tu demandes l’euthanasie !”
Terrifiant.
Elle l’a casée dans un mouroir. Elle l’a fait vacciner. AVC immédiat, décédée trois jours plus tard.
L’horreur a bien des visages.
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C’est très dur ;Et malheureusement, c’est ce qui nous attend.
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