Lettre ouverte à Bernard Lavilliers

Je ne sais si tu liras ces lignes écrites par « une conne antivax attendant un dictateur »  Probablement pas car si tu avais la capacité de remettre en cause tes certitudes infondées, ce serait déjà fait .Je n’ai pas la prétention de penser que je pourrais te faire changer d’avis.

Cette lettre, je l’écris peut-être pour toi si par hasard tu la lis, mais surtout pour moi, pour nous, pour eux, tous les résistants qui ont eu la force de n’écouter que leur conscience parce qu’on ne transige pas avec la vérité.

Contrairement à beaucoup de déçus outrés par tes mots qui nous condamnent bêtement, je n’évalue pas la création de toute ta vie à l’aune de ce propos. Si tu fais partie des personnes dont la vieillesse est un naufrage, ça n’enlève rien à ton œuvre passée.

Pour moi, la question n’est pas de séparer l’homme de l’artiste car l’artiste puise en lui la matière brute de sa création et il compose avec ses rêves, son idéal, son désir d’harmonie mais aussi avec la part sombre de son être.

Céline était un sale type, antisémite et détestable mais son voyage au bout de la nuit est un chef d’œuvre et son style a révolutionné la littérature. De Céline, je ne retiens que quelques livres.

Nous avons tout vibré avec les poèmes d’Arthur Rimbaud sans nous encombrer du fait qu’ensuite l’homme a été moins reluisant. Nous avons oublié le trafiquant d’armes pour ne garder de lui que sa poésie .

La création est ce que l’artiste donne à l’humanité même lorsque la société ignore ce don. Certaines œuvres sont dérangeantes quand elles émanent de détenus ou de personnages peu recommandables mais elles tracent un pont entre les eaux glauques et la lumière.

Je ne renie jamais une œuvre que j’ai appréciée même si son créateur me déçoit par la suite. Pourquoi brûlerais-je ce que j’ai aimé, qui m’a aidé à me construire et à devenir ce que je suis.

Le Bernard Lavilliers qui m’a touchée avec sa voix rauque, ses musiques exotiques et le chemin solitaire de l’homme libre a rejoint le panthéon de mes rêves de jeunesse et des auteurs aimés. Je t’ai vu à une fête de Libé dans les années 70. J’ai acheté certains de tes albums.

Mais un panthéon, abrite les morts et si je te fais une place dans le mien aux cotés de Léonard Cohen, Janis Joplin, Serge Gainsbourg ou Jacques Higelin et quelques autres, c’est que le Bernard Lavilliers de ma jeunesse est mort peut-être depuis longtemps

Comme d’autres artistes, tu as trébuché et le piège du covidisme s’est refermé sur toi. Comment réussis-tu le tour de force de mêler dans un même entretien des propos pertinents sur le langage creux utilisé par les politiques et une déclaration aussi stupide sur ceux que tu appelles les antivax ?

Tu t’accroches à un faux vaccin pour conjurer ta peur de la mort en espérant que cette mixture va te sauver. Je n’ai pas à juger ton choix. Mais traiter d’antivax et de « connards espérant une dictature « les personnes qui ont fait l’effort de s’informer, te mets hors jeu. Pas question que j’écoute une seule chanson de ton nouvel album ni que je t’écoute si tu passe à la télé. Mais je sais pardonner à quelqu’un qui reconnaît sincèrement son erreur et présente ses excuses.

As-tu pris la peine de regarder les photos des visages des personnes parfois très jeunes mortes après avoir reçu cette injection? Penses tu aux larmes de leurs familles : Des connards d’antivax ?

Et tous ces scientifiques parmi les meilleurs du monde qui n’ont pas hésité à fragiliser leur réputation par honnêteté morale et intellectuelle  : Leur rigueur ne pouvait s’accommoder de imposture consistant à faire passer pour un vaccin un traitement génétique expérimental. Pouvaient-ils se taire sachant qu’il n’immunise pas, ne rend pas moins contagieux ? Pouvaient-ils ne pas nous avertir des risques pour notre santé ? Fallait -il cacher ’irréversibilité de cette expérimentation génétique pour l’humanité ?: Des connards d’anivax?

Et ces médecins, interdits d’exercer parce qu’ils ont refusé l’injection toxique ? Certains ont radiés de l’ordre pour avoir bravé l’interdiction de lEtat de soigner les malades du Covid. ! Des connards d’antivax ?

Et tous les personnels suspendus, soignants pompiers mais aussi secrétaires médicales, cuisiniers, bibliothécaire, tous faisant partie de ce peuple que du prétends aimer ! Ils se sont retrouvé sans l’emploi qui leur permettait de vivre.. Une partie d’entre eux n’a plus de logement. Des couples se sont brisés Des connards d’antivax ?

Comme des parias, nous avons subi le pass de la honte nous interdisant la plupart des lieux de culture de loisirs et de convivialité. Nous avons été la cible des médias propagandistes appelant à la haine contre nous à notre exclusion et à notre mort sociale. Penses-tu vraiment que nous avons sacrifié notre liberté pour l’offrir à un dictateur appelé de nos vœux ? Le pass vaccinal n’était-il pas déjà la preuve que nous étions en dictature? Mais de toute évidence, le marginal que tu prétendais être a rejoint la meute.

« On the road again », ce sont désormais ceux d’entre nous qui ont été dépossédés de leurs repères sociaux mais qui n’ont pas renoncé à leur dignité. Condamnés à l’errance sur une route incertaine, ce chemin peut mener jusqu’à Compostelle. Je les aime tous, Ils sont ma voix, mon espoir ma foi en l’humanité.

Nous chérissons la liberté et si un jour un dictateur parvient à nous emprisonner, notre âme lui échappera toujours . Elle danse dans la lumière de la conscience et de la vérité. Ça les rend fous, les dictateurs, C’est pour ça que Macron refuse de réintégrer les résistants suspendus par lui pour avoir refusé la marque de la Bête.

Tu es passé complètement à côté, Bernard. Il serait plus exact de dire que tu es passé de l’autre côté. Tu ne liras sans doute jamais cette lettre. Dommage. Adieu, Bernard, je t’aimais bien tu sais , mais c’est toi qui a pris congé de nous en fustigeant le monde de ceux qui se battent pour la liberté.

Génie ou folie ? : 1 Le temps du formatage

Que n’a-t-on dit et écrit sur la frontière mal définie entre le génie et la folie ? La psychiatrie ne pouvait pas ne pas mener cette réflexion Le titre du livre Philippe Brenot : « Le Génie et la Folie « va droit au but mais l’auteur met une majuscule à ces deux noms peut-être pour spécifier qu’ici, il ne s’agit pas du génie commun ( existe-t-il un génie commun ? ) et encore moins de la folie ordinaire .

Ce livre dont la première publication remonte à 1997 n’apporte pas un éclairage bien nouveau à ce sujet qui s’attache à la musique la peinture et la littérature. Pourtant la liste des grands créateurs psychotiques, dépressifs ou plus généralement bipolaires est impressionnante. Malgré quelques exemples notoires Van Gogh pour la peinture ou Schumann pour la musique ( pour ne prendre que les plus significatifs), c’est surtout la poésie et la littérature qui révèlent les fêlures de bon nombre d’écrivains et de penseurs. C’est à se demander si l’écriture libère vraiment comme le ferait une psychothérapie ou si au contraire, elle isole, éloigne du réel renforce les obsessions ou si elle n’entretient pas la souffrance dont elle fait le matériau de sa création.

Vu que chaque artiste cité dans le livre est un être d’exception, il est bien difficile d’établir une théorie à partir de ces exemples et malgré les intentions de l’auteur les avancées de la psychiatrie ne lèvent qu’une infime partie du mystère de la création.

Il est vrai que la psychiatrie n’est pas une science exacte.

Plutôt que de mettre un diagnostic sur des gens que l’histoire a reconnus comme des pionniers dans leur discipline, voyons ce que Philippe Brenot écrit sur le génie.dont il retient ces critères :

– Le caractère particulièrement innovant de l’œuvre

– Une œuvre en rupture avec celle de ses contemporains

– Une reconnaissance publique large et durable

– L’hypothèse d’un appareil psychique particulier

– L’existence ou non de prédispositions

Il explique que le terme génie est peu utilisé aujourd’hui. Il préfère la notion de « personnalité créatrice originale. Voici une expression édulcorée qui ne fait pas trop peur à une société qui craint tout ce qui échappe à son formatage .

Dans le chapitre :  «  Les limites du génie », il évoque les délirants scientifiques, mathématiques et inventeurs en précisant :

« En l’absence d’une bonne connaissance de leur domaine, il est difficile de savoir s’il s’agit d’un malade délirant ou d’un génie méconnu qui vit son discrédit comme une persécution. Il existe des inventeurs de génie. S’ils ne sont pas reconnus, ce sont des paranoïaques. Encore une fois la définition du génie passe par la reconnaissance sociale. »

Il est clair qu’il n’y a pour lui de génie que s’il y a une reconnaissance sociale. Pourtant, dans un autre chapitre, il admet qu’un génie est souvent en avance sur son temps qu’il est insoumis solitaire et marginal, ce qui ne favorise pas vraiment sa reconnaissance sociale.

Aujourd’hui ,un inventeur indépendant de génie a très peu de chances d’accéder à la reconnaissance sociale, s’il n’a pas les moyens de financer des brevets internationaux. Plus son invention est géniale, plus il risque d’être dépossédé de son invention par des gens peu scrupuleux.

Après une telle mésaventure, l’inventeur solitaire désargenté aurait de bonnes raisons de devenir paranoïaque mais comme un être d’exception a une grande capacité d’anticipation, le sentiment de persécution peut traduire le fait réel que cette personne sait qu’elle ne dispose pas des possibilités de faire reconnaître son invention. Est-ce vraiment l’expression d’un délire ?

Les chercheurs travaillent au sein des institutions, ce qui barre la route aux électrons libres , autodidactes ayant des intuitions fulgurantes pouvant déboucher sur des inventions.

Pour revenir aux arts plastiques et notamment à la peinture, la dictature de l’art contemporain s’appuie sur le fait que pour être admis, l’art doit être dans la tendance de l’époque. Plus un artiste s’en éloigne, innove à contre-courant ( par exemple dans la peinture) et plus il court à sa perte. L’art contemporain se protège des génies et l’hyper-institutionnalisation n’admet pas les démarches singulières. Un peu contraint et forcé par quelques collectionneurs , l’art brut a bien résisté mais il est désormais encadré par des des codes qui lui enlèvent sa sève. Plutôt que la recherche d’artistes d’exception, les lieux diffusant de l’art brut coursent plutôt la subvention (essentiellement européenne) en exposant les artistes sur la base d’échanges entre pays quitte à ignorer délibérément un artiste bien plus novateur vivant pourtant à proximité mais ne correspondant pas aux normes d’obtention de subsides espérées.

Si les névroses et les psychoses ont pu autrefois contribuer à l’émergence de créateurs de génie aujourd’hui selon les critères de Philippe Brenot, les génies n’ont pas d’autre issue que d’être considérés comme des malades relevant de la psychiatrie!

Par contre, il ne peut y avoir de génie sans concrétisation de ce potentiel inventif dans une œuvre qui reconnue ou pas sort du registre de la maladie. ( à suivre)