On achève bien les chevaux

Cité dans mon livre : » Donner la mort, ce n’est pas soigner » BoD chapitre 1 : « La compassion politique est suspecte »

https://librairie.bod.fr/donner-la-mort-ce-nest-pas-soigner-martina-charbonnel-9782322537747

Les bourreaux nazis étaient-ils schizophrènes ?

Chaque fois qu’un crime abominable commis nous bouleverse, un mot est avancé par les médias : « schizophrénie ». Ce diagnostic balancé à la va-vite permet d’éviter de juger une personne criminelle.

L’horrible meurtre de la petite Lola prend le même chemin. N’étant pas psychiatre, il ne m’appartient pas de porter un diagnostic mais ceux qui ont examiné la suspecte ont estimé qu’elle était consciente de ses actes et qu’elle pouvait être incarcérée.

Ceci n’a pas empêché qu’en se basant sur l’incroyable récit des faits livrés au public, des psychiatres de plateau TV décrètent que cette femme est schizophrène. L’argument est imparable : Au vu de ce que montrent d’elle les réseaux sociaux, elle semble être une jeune femme comme celles de son âge et comme elle n’a pas d’antécédents judiciaires,c’est donc qu’elle est schizophrène.

Je ne souhaite à personne d’être suivi par des psychiatres qui se permettent un tel diagnostic. Le but recherché est de tenter d’éviter un procès qui pourrait éclairer le déroulement des faits sous un autre jour et révéler d’autres mobiles à ce crime.

Beaucoup d’entre nous ne supportent pas l’idée que cette criminelle puisse échapper à la justice comme ce fut le cas pour l’assassin de Sarah Halimi . Sa défenestration avait été mise sur le compte de la consommation de cannabis du meurtrier malgré des indices de fanatisme islamiste et antisémite de son comportement.

Face à la terrifiante perspective de voir Dabhia B considérée irresponsable, certains n’hésitent pas à s’en prendre aux schizophrènes. Sur Twitter circulait une photo de deux policiers pointant des mitraillettes avec ce texte sans équivoque :  » Le traitement pour les schizophrènes « .

Dans l’esprit du public non averti schizophrène » va bientôt devenir synonyme d’assassin. Pour des raisons politiques, les personnes qui tuent, qui décapitent et font des attentats islamistes sont étiquetés schizophrènes, C’est très éprouvant pour les personnes qui souffrant réellement de cette maladie ,sont des êtres intelligents, sensibles et vulnérables et dans leur immense majorité totalement inoffensifs.

Il y a quelques années l’UNAFAM (association des familles de malades psy) écrivait que statistiquement, il n’y avait pas plus de criminels parmi les personnes atteintes de schizophrénie que dans le reste de la population. C’était le même pourcentage. Par contre ces personnes présentaient un risque de suicide bien plus élevé que le reste de la population. Leur fragilité les expose à être sept fois plus victime d’actes malveillants (agressions, vols viols) que les autres personnes

Assimiler les pires actes criminels à la schizophrénie revient tacitement à donner un permis de tuer des personnes schizophrènes ou atteintes d’autres pathologies mentales. Les chambres à gaz des nazis ont d’abord été testés sur des personnes handicapées. Nous n’en sommes plus très loin. Cet appel à tuer les schizophrènes n’a pas été enlevé par Twitter malgré mon signalement pourtant en accord avec la charte éthique (appel au meurtre de personnes handicapées).

Il y a quelques mois Matthieu, un ami de mon fils a été abattu à la carabine par son père qui s’est suicidé après. La raison invoquée est qu’il était autiste est que c’était une euthanasie par amour.

Pour avoir a participé à des groupes de parole de l’UNAFAM, j’ai vu comment les familles de personnes schizophrènes se battaient pour accompagner au mieux leur proche qui essayait de s’en sortir. J’ai aussi assisté à des conférences du Centre Expert de la schizophrénie qui faisait un bon travail portant ses fruits. Je n’accepte pas que le mot schizophrène serve de fourre-tout à tout ce qui est détestable dans notre société.

Je ne sais pas si Dabhia B est schizophrène. Dans ce qui nous a été relaté je suis frappée par la dimension rituelle satanique de son acte. Quelle valeur de vérité a ce récit cauchemardesque ? Pourquoi nous a-t-on fourni autant de détails à ce niveau de l’enquête comme si tout devait être bouclé rapidement sans que l’on cherche plus loin ?

Tous les gens qui pratiquent le satanisme sont-ils schizophrènes ? Tous les drogués sont-ils schizophrènes. ? Tous les gens prêts à tuer par fondamentalisme religieux sont-ils schizophrènes ? Les maris violents qui tuent leur femme sont-ils schizophrènes ? Les bourreaux nazis étaient-ils schizophrènes ?

Ça fait beaucoup de monde. Il est tentant de se dire que des gens qui accomplissent des crimes odieux sont détraqués. Ça permet de mettre une distance entre eux et nous. Pourtant, il y a une différence entre un malade mental qui obéit à une pulsion ou commet un acte dicté par des voix qu’il est seul à entendre et une personne qui tue par adhésion à une religion, une idéologie, une croyance qui est celle d’un groupe. Dans le second cas, il s’agit d’un choix de vie. Dans le satanisme c’est le choix du Mal qui anime de telles sectes.

Notre condition humaine nous offre le libre arbitre pour décider d’opter pour le Bien ou pour le Mal ce qui nous met en tension permanente parce qu’agir pour le bien nous confronte aussi à la part d’obscur qui sommeille en nous.

Dans le satanisme, le choix du mal est clairement assumé : Vendre son âme au diable en vue de ses faveurs. Lorsque le Mal a des conséquences irréversibles, retrouver plus d’humanité semble improbable.

Par peur d’assumer un crime innommable, le coupable cherche à s’en déresponsabiliser : Ce sont les voix qui ont dit de tuer, l’emprise d ’une addiction à la drogue ou à l’alcool ou l’influence d’une secte, d’une religion, d’une idéologie totalitaire. Pourtant, il n’y a aucune appartenance à un groupement humain sans l’adhésion pleine et entière de ses membres. En cas de déviance la responsabilité des coupables reste entière.

S’il ne fait aucun doute qu’Hitler était un malade mental, personne n’a songé à l’excuser. Le nazisme qu’il a créé est un système qui n’aurait jamais pu exister sans l’assentiment des personnes qui ont aidé à le mettre en place et le servir. Le procès d’Eichmann à Jérusalem auquel a assisté Hannah Arendt à démontré sous la plume de la philosophe, l’insoutenable normalité de bourreaux nazis et la terrible banalité du mal.

Pour reprendre ce qu’on dit les psychiatres de plateau TV (du moins la première partie) les vidéos de la meurtrière ne la montrent pas différente des autres filles de son âge. Pas délinquante non plus ( pas d’antécédents judiciaires).

Et si elle était aussi normale qu’une jeune femme narcissique aguicheuse aimant les beaux vêtements et l’argent prête à tout pour en gagner beaucoup et capable de participer activement à un crime barbare sans la moindre empathie envers la petite fille innocente qui meurt dans d’intolérables souffrance ?

Nous ne saurons jamais si elle a agi seule et malgré ses incohérences, l’enquête n’ira pas plus loin. La schizophrénie est une réponse commode pour ne pas poser les questions embarrassantes.

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Paranoïa confinementielle

Macron a gagné. Je n’ai même plus envie de sortir de chez moi Ni dans un rayon d’un kilomètre, ni au bout de ma rue et encore moins au bout de ma nuit. Il fait froid, le vent glacial disperse des gouttelettes de coronavirus que la pluie ne parvient à pas à faire oublier.

Marre de ces sorties punitives avec ce papier à remplir dès que je mets le nez dehors.

C’est pourtant mieux qu’au début où je devais me coltiner le texte dérogatoire à la main. Un bureau de tabac a adouci ma peine par la magie d’une photocopieuse.

Malgré ce progrès, le rituel de sortie reste dissuasif. Tout commence avec la pénibilité du masque basique acheté il y a quelques temps dans un magasin de bricolage. Il faut croire que j’ai une plus petite tête que celle d’un ouvrier car lorsque je l’ajuste au niveau du menton, c’est limite s’il ne touche pas mes yeux et dès que je l’enlève à mon retour les yeux me piquent un peu.

Georges et Grégoire ont opté pour le masque en Sopalin fait maison fixé par des élastiques entourant les oreilles. Trop compliqué pour moi : Mes cheveux me gênent. Il gaut d’abord les tirer arrière presque en chignon. Peu importe si ça me rend moche, de toute façon avec un masque sur la tronche, on en n’est plus à sauver les apparences.

Sauf que les élastiques ne tiennent pas aux oreilles. J’ai découvert que j’avais un problème d’oreilles il y a quelques années, au moment de refaire ma carte d’identité. L’employée de mairie voulait refuser ma photo parce que même avec les cheveux derrière les oreilles, elles n’étaient pas visibles de face.

Une fois ajusté le masque tant bien que mal, je mets un gant en latex à la main droite Il me permet de toucher les poignée de porte et tout de qui est douteux. Avec l’autre main, je peux écarter une mèche de cheveux qui vient dans mes yeux et désormais j’ai un petit spray acheté en pharmacie en cas de suspicion de virus. Me voilà prête à sortir mais que c’est inconfortable ! Seule consolation, le masque me protège des pollens. Sans le coronavirus, je n’aurais jamais osé en cachant mon visage rien que par allergie au pollen.

Au retour à la maison, c’est encore plus contraignant . Désinfection du gant et du masques au Sanytol pour les récupérer. Petite vaporisation aussi sur les semelles de chaussures parce que dans la rue, il y a toujours des abrutis qui crachent par terre. Je désinfecte aussi mon sac à main et même les pièces et billets si j’ai payé en espèces.

Et pour finir lavage des mains au savon de Marseille et même le visage.

Il faut vraiment avoir besoin de sortir pour se farcir ce rituel.

Mais ces précautions fastidieuses ne sont pas ce qu’il y a de pire. Maintenant que sont autorisées les promenades en famille, je sors avec Georges et Grégoire.

Grégoire ne veut plus marcher seul. Des dealers se planquent dans des petites rues du quartier St-Michel et quand ne voulant rien acheter il presse le pas , il se fait injurier : « T’es un malade, toi ! ».

C’est pourquoi munis de trois autorisations cochées et signées, nous partons vaillamment braver le danger. L’angoisse s’installe en nous. Et si la police nous contrôlait ? Nous sommes totalement en règle mais si nous tombions sur un flic qui nous cherche des histoires et décrète par exemple que la promenade familiale, c’est avec les enfants mais que Grégoire est adulte.

Nous nous retrouverions avec 405€ d’amende. 405€ juste pour se dégourdir les jambes, c’est franchement plus cher qu’une séance chez le kiné ! Mieux vaut peut-être rester à la maison. Et si par hasard nous contestions cette sanction ne risquerions-nous pas de nous retrouver en garde à vue ?

Il y a quelque chose de kafkaïen dans l’atmosphère politique actuelle. Même en n’étant en règle, mettre le nez dehors fait de nous des coupables potentiels. Coupables de quoi ? Personne ne sait mais peut-être coupables pour d’autres que l’on ne connaît même pas. « Si ce n’est toi, c’est donc ton frère, c’est donc quelqu’un des tiens « .. Comme dans la fable de La Fontaine , « Le loup et l’agneau », « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».

Pourtant, c’est une peur plus diffuse qui m’étreint. Et si le policier qui nous contrôlait n’avait ni gant ni masques et nous refilait le Covid ? En plus d’une amende, ce policier pourrait nous envoyer à l’hôpital ou plutôt à la morgue, Georges ou moi car au-dessus de 65 ans, nous serions plutôt invités à mourir chez nous sans faire de vagues et sans même exister dans les chiffres de décès annoncés par Jerôme Salomon ou Olivier Véran.

Mettre le nez dehors nous met donc en danger de mort. Confinons-nous, vivons cachés à l’abri des menaces ! Au secours ! Mais qu’ont-ils fait de nous tous ? Et moi la rebelle,la grande gueule habituée à tout démystifier pour ne pas m’en laisser conter, je perdrais tous mes moyens devant un virus ?

Qu’est-ce qui est le plus effrayant aujourd’hui ? Le virus ou l’état totalitaire qui ne faisant rien pour protéger la population a inventé ce confinement jusqu’à l’humiliation d’avoir à fournir une autorisation même pour aller faire pisser le chien. Heureusement, je n’ai pas de chien car la police serait même capable de mettre une amende au chien, chaque gouttelette urinée sur un mur devant faire l’objet d’une autorisation dérogatoire.

Infantilisation, peur des autres, des gens en groupe qui me font changer de trottoir, méfiance envers toutes ces silhouettes postillonnantes de joggers croisés sur mon chemin, angoisse de me retrouver en tort sans avoir rien fait de mal, paranoïa….

Dire que j’étais à peu près saine d’esprit avant le confinement, je ne réponds plus de rien d’ici quelques semaines.

Et pendant ce temps-là , le Covid poursuit sa propagation mortifère parmi les gens obligés de se rendre au boulot sans masque…

Lynchage de Polanski : Je ne veux plus me taire

Dès qu’il est question de Polanski sur les réseaux sociaux, j’ai pris l’habitude de me faire toute petite et d’attendre que la meute ait fini d’aboyer.

Je me souviens des agressions et injures reçues en 2009 lorsque sur mon blog, je l’avais défendu et signé la pétition de soutien pour protester contre son incarcération en Suisse.

La Cérémonie des Césars 2020 était annoncée vindicative envers le cinéaste qui a bien fait de ne pas s’y rendre. Mais cette fois je ne veux plus me taire.

Au passage, je prends acte de la nullité du Ministre de la Culture qui plutôt que de se réjouir du fait que l’un des derniers plus grands cinéastes de ce monde illumine le cinéma français a choisi d’emboîter le pas des juges auto-proclamés qui officient sur les réseaux sociaux.

Que ce soit clair ! Lorsque en 2009, j’ai soutenu Roman Polanski ça ne valait pas pour approbation de ce pourquoi il a été jugé et condamné en1977. Certes les temps étaient différents. Samantha mûre pour son âge était une très jeune femme plutôt qu’une enfant. Mais le fait de l’avoir manipulée, droguée pour abuser d’elle et la sodomiser est inexcusable.

Contrairement ce qui se dit sur les réseaux sociaux, il a été jugé et en vertu de la loi américaine il a plaidé coupable, été condamné à 90 jours de la prison et en a effectué 42.

Pour des raisons politiques, le juge est revenu sur sa décision a voulu le rejuger. Roman Polanski n’a fait que fuir un acharnement judiciaire à son encontre qui l’a conduit à être emprisonné deux mois en Suisse en 2009 avant d’être assigné à résidence.

Je l’ai alors soutenu parce que cette histoire était très ancienne et que Samantha Geimer ne voulait pas être considérée comme victime argumentant que ce viol n’avait en rien détruit sa vie et que ce qui lui était le plus pénible était l’instrumentalisation de son vécu par la justice pour des raisons qui n’avaient rien voir avec cet acte

Ce n’est que lorsque pour la énième fois elle a demandé que soient abandonnées lés poursuites contre Roman Polanski que sont apparues dès 2010 d’autre supposées affaires qui d’ailleurs n’ont pas donné lieu des plaintes.

On peut se faire une idée du sérieux de ces accusations ici.

Je ne supporte pas de voir des lesbiano-féministes se vautrer dans ces rumeurs qu’elles font tourner en boucle pour que dans l’esprit des gens elles deviennent des vérités irréfutables.

Au vu des éléments qui nuisent à la crédibilité de ces témoignages plus que tardifs, je ne vois pas en quoi j’accorderais le moindre crédit à ces rumeurs.

Peut-on imaginer le drame d’un homme jugé aux yeux de ses enfants pour des actes qu’il n’a pas commis, ses censeurs allant jusqu’à vouloir lui interdire toute reconnaissance artistique à laquelle son talent lui donne droit ?

Je ne dissocie pas l’homme ( que de toute façon, je ne connais pas) de son œuvre : Cet homme a dû se reconstruire après des drames paroxystiques  :La Shoah et l’horrible assassinat de son épouse Sharon Tate et de l’enfant qu’elle portait.

C’est le même homme qui un jour a dérapé face à Samantha Geimer, acte qu’il a payé et repayé par de la prison ( une indemnisation aussi) et surtout par cette mise au pilori de pseudos féministes, plus lesbiennes que féministes .

Cet homme est plus qu’un cinéaste de grand talent. Il a participé à l’histoire du cinéma dont il est l’un des piliers.

Mais pourquoi faudrait-il dissocier les deux ? Nul homme n’est infaillible. Ce qui compte, c’est qu’il reconnaisse ses torts, les regrette et les répare ce qu’il a fait.

L’homme n’est pas que son passé? Il est aussi ce qu’il devient. Il est aussi et surtout ce qu’il crée.

Depuis plus de trente ans plus personne n’a quoi que ce soit à reprocher à Roman Polanski. S’il était ce prédateur sexuel qui est décrit, il aurait continué à l’être car il paraît qu’on n’en guérit pas.

Je ne supporte plus que les juges des réseaux sociaux poursuivent inlassablement leur chasse à l’homme pour une histoire qui a plus de 45 ans. Ils déroulent leur partition haineuse sans la moindre empathie pour Samantha qui une cesse de répéter qu’elle n’est pas victime de Polanski mais de tous ceux qui instrumentalisent ce viol pour des raisons parce que ça sert leur idéologie.

Je ne supporte plus tous ces censeurs (essentiellement censeuses) qui propagent d’odieuses rumeurs infondées pour porter atteinte à la réputation et à la dignité de Roman Polanski.

Je ne supporte plus de lire qu’il doit payer pour cet acte. Une vie à se protéger des crachats des injures et des menaces en plus de la prison et le dédommagement à sa victime, ce n’est encore pas assez ? Je salue son courage d’avoir continuer à créer malgré toute cette hostilité

Que veulent ces gens-là ? Sa mort sociale en faisant pression pour effacer son œuvre et empêcher sa reconnaissance ?

Que veulent-elles de plus,ces militantes de choc ? Sa mise à mort sur la place publique comme au bon vieux temps de la guillotine ?

Non je ne me tairai plus ni ne leur laisserai le champ libre sur les réseaux sociaux où elles tentent de cracher leur venin sur les gens qui défendent le réalisateur.

Ce monde qu’elles veulent imposer à coup d’idéologie n’est pas et ne sera jamais le mien.

Il ne me reste plus qu’à espérer que malgré ce totalitarisme qui aura un raison de toute expression artistique, un cinéaste de talent vienne un jour rétablir la vérité sur Roman Polanski un peu dans le même registre que «  J’accuse ».

Alors les lumières qui aujourd’hui s’éteignent peu à peu pourront recommencer à clignoter en laissant entrevoir une possible sortie de ce brouillard.

Voici venus les temps du cannabis meurtrier

Il n’yaura pas de procès pour le meurtrier de Sarah Halimi ! Un assassin peut désormais échapper à la justice pour peu qu’il ait fumé du cannabis.

Si cette affaire fait jurisprudence, faudrait-il voir en chaque consommateur de cannabis un criminel potentiel?

Qu’en pensent les partisans de la dépénalisation du cannabis ?

Je me souviens de mes années baba cool. Quand avec mes amis nous fumions des joints, nous écoutions de la musique. Nous rigolions bêtement à propos de n’importe quoi. Selon les circonstances, il nous arrivait parfois de faire l’amour parce que pour nous le shit était convivial et joyeux. Nous cherchions à planer et à nous sentir cool

Il ne serait venu à personne parmi les gens avec j’ai fumé du cannabis, d’aller chez une voisine, de la rouer de coups et la défenestrer.

Vivons-nous désormais des temps où le cannabis est devenu meurtrier ?

La haine et la violence qui conduisent à un tel acte ne sont pas le fait du cannabis. La personne qui l’accomplit les porte en elle. Ce n’est pas non plus le cannabis qui dirige cette agressivité meurtrière sur une personne juive. Ça s’appelle de l’antisémitisme.

C’est encore moins le cannabis qui a fait crier à Kobili Troré  « allahu akbar », entrecoupé d’insultes et de versets du Coran en rouant sa victime de coups.

Si l’on considère que le cannabis a altéré son jugement, la haine, l’antisémitisme et la justification mystique de sa violence existaient en lui, bien entendu exacerbées par un islam radical.

Le cannabis ne produit pas en soi de bouffées délirantes susceptibles de conduire au meurtre.. Il peut cependant les amplifier. C’est parce qu’il comporte ce danger que le cannabis est une substance illicite.

En consommer ne devrait en aucun cas faire bénécicier un meurtrier de la mansuétude de la justice. C’est au contraire une circonstance aggravante.

Nous sommes nombreux à  être meurtris par un tel déni de justice.

 

Lettre ouverte à Eric Dupond-Moretti

Cher Maître

J’ai longtemps apprécié votre façon d’exercer votre profession d’avocat. J’aime la façon dont vous avez toujours su faire ressortir la part d’humanité de gens dont le passé judiciaire n’engageait pourtant pas à la sympathie.

Si lors de procès, certaines de vos prises de position m’ ont troublée (notamment lors du procès d’Abdelkader Merah), je vous remercie pour le courage qui les a motivées. J’accepte d’être dérangée si ça me permet de réfléchir plus loin que les émotions et les fragiles évidences. Vos propos sur la mère d’Abdelkader Merah m’ont touchée en tant que mère car l’amour maternel est inconditionnel et personne ne peut dénier à une mère le droit d’exprimer cet amour quoique ait fait son enfant.

Entendre vos prises de position ne coule pas de source mais participe à l’indispensable débat sur le sens de la justice dans notre société, ce qu’elle signifie pour chacun de nous et ce qui menace son bon fonctionnement.

Je vous rejoins quant à vos craintes que la justice subisse la pression de l’opinion publique ou que  selon votre expression « la force de frappe émotionnelle des réseaux sociaux étrangle le périmètre du doute. »

Le terrain politique est nettement plus glissant lorsque la justice concerne des élus de la République parce que les électeurs sont en droit de demander des comptes aux gens qui les représentent si ces derniers s’imaginent que leur mandat leur offre l’impunité.

J’ai entendu vos arguments à propos de Jérôme Cahuzac et j’admets que cet homme qui a presque tout perdu est tout de même plus utile à la société en exerçant la médecine en Corse qu’en prison.

Je ne me réjouis pas non plus du jugement qui condamne Patrick Balkany à quatre ans de prison avec emprisonnement immédiat. Il devait être sanctionné mais sa culpabilité ne doit pas faire porter sur ses seules épaules le poids de toutes les corruptions, conflits d’intérêts, fraudes … qui malheureusement n’ont rien d’exceptionnel parmi la classe politique.

Par contre, j’ai été déçue de vos propos rapportés sur les Gilets jaunes. Je regrette que vous soyez passé à côté de ce mouvement. Je me demande comment l’homme de justice que vous êtes peut n’être pas interpellé par les lourdes peines prononcées contre des gens qui n’avaient pas de casier judiciaire et dont le seul tort a été de manifester se faisant parfois arrêter pour la simple possession d’un gilet jaune. Bon nombre de vos confrères s’en sont émus.

Je m’ étonne aussi que vous ne vous sentiez pas plus solidaire de ces personnes éborgnées, mutilées par les LBD des FDO, violences qui ne seront sans doute jamais sanctionnées. Le tort de ces blessés ? Manifester pacifiquement ou simplement être présents au mauvais endroit au mauvais moment.

La peur qui en découle dissuade bon nombre de personnes de manifester, ce qui restreint considérablement les libertés démocratiques auxquelles vous semblez attaché.

Mais ce qui motive la lettre que je vous adresse, c’est le choix que vous avez fait d’être avocat de la partie civile contre Jean Luc Mélenchon suite à une perquisition houleuse qui a mal tourné.

Vous avez donc décidé de vous mettre au service des victimes plutôt que que d’assurer la défense des accusés comme vous nous y aviez habitués précedemment.

Pour que vous mettiez tout votre poids dans la balance par l’efficacité de vos plaidoiries au service des gens que vous représentez, on se demande quel horrible forfait a bien pu commettre l’accusé. Quel irréversible traumatisme accable les victimes ? Le face à face entre le ténor du barreau le plus médiatique et l’homme politique Mélenchon promettant d’être spectaculaire, il faut s’attendre à ce qu’une sanction mémorable s’applique à un délit qui ne peut qu’être exceptionnel.

Or au regard des faits, je ne vois qu’une perquisition mal vécue par Jean-Luc Mélenchon qui est sorti de ses gonds et dans l’énervement aurait bousculé des policiers. Aucun blessé dans cette regrettable affaire mais une plainte contre Jean-Luc Mélenchon.

Que la police n’ait pas à être bousculée lors d’une perquisition, nul ne le contestera. La police était en droit de porter plainte. Après, le procès évaluera les circonstances de cette perquisition. Il sera impossible de ne pas voir dans ce procès une intention politique et je crois avoir lu que du côté de LFI, les arguments ne manquent pas.

La défense de policiers qui n’ont pas été blessés, est-elle une affaire si exceptionnelle pour que le Pouvoir ( dont dépend la police) estime que vous êtes l’homme de la situation ?

N’y avait-il aucun autre avocat en mesure de représenter la partie civile ? Avait-on peur que vos confrères ne soient pas assez charpentés pour résister aux arguments sans doute percutants de Jean-Luc Mélenchon ?

Et allez-vous mobiliser vos talents d’orateur  pour demander l’emprisonnement de Jean-Luc Mélenchon ? La compassion qui vous rend sensible à la détresse des personnes qui ont commis des fautes graves ou des actes criminels vous abandonnerait-elle dés qu’il s’agit du leader de France Insoumise ?

Vous n’êtes pas sans ignorer que selon ce qui sortira de ce procès,Jean-Luc Mélenchon pourrait être inéligible.L’issue de ce procès ne sera donc pas qu’une décision de justice. Elle sera politique que vous le vouliez ou non.

Le Eric Dupond-Moretti que j’admirais ne ressemble plus à l’avocat dont le rôle dans ce procès contribuera à affaiblir l’un des derniers partis d’opposition en mesure de peser dans le débat.

Et si Jean-luc Mélenchon devait être emprisonné, je vous laisse deviner les dramatiques conséquences humaines pour un homme de conviction dont le seul défaut connu est d’être un peu colérique. Je n’aimerais pas être à la place de la personne qui prendrait la responsabilité de l’envoyer en prison.

Pour conclure, je précise que je ne fais pas partie de LFI Je n’ai pas de sympathie particulière pour Jean-Luc Mélenchon Je ne partage qu’une partie de ses convictions et suis en désaccord sur d’autres.

Si je vous écris cette lettre ouverte aujourd’hui, c’est peut-être parce le mot « Justice«  a encore un sens pour moi.  Et que vous avez longtemps incarnée à mes yeux.

Une mère qui se vante d’avoir offert la mort à son fils

Il y a quelque chose d’indécent dans le fait de voir une femme se vantant d’avoir tué son enfant de trois ans être invitée sur tous les plateaux TV pour faire la promo du livre où elle justifie son acte.

J’aimerais ne pas avoir à porter un jugement sur Anne Ratier, sur son vécu de mère dont l’enfant mort-né a été réanimé trop tardivement. Je ne minimise pas sa souffrance, sa solitude en face de cet enfant tétraplégique vivant avec un cerveau détruit sans espoir d’amélioration.

Elle a délibérément choisi de mettre fin aux jours de cet enfant lorsqu’il a eu trois ans. Elle est passée au travers des mailles de la justice. J’aurais juste souhaité qu’elle reste dans son silence plutôt que de venir chercher l’approbation de son acte avec ce livre au titre inacceptable «J‘ai offert la mort à mon fils».Donner la mort à une personne qui ne l’a pas demandée, c’est un meurtre.

J’ai vu Anne Ratier à l’émission de Thierry Ardison « Les Terriens du dimanche.Pourquoi avoir attendu que les faits soient prescrits pour écrire ce livre ? A cette question, elle a répondu que le livre était prêt dans les années 90 et qu’un éditeur voulait le publier avant de se raviser. Il est vrai qu’à l’époque, elle risquait la prison.
Mais pourquoi revenir à la charge maintenant ?Estime-t-elle que les temps sont mûrs pour faire accepter l’idée comme (c’est le cas en Belgique) que l’on puisse euthanasier des enfants très lourdement handicapés.

Mais dans ce cas le livre d’Anne Ratier est un livre militant et je n’ai pas envie qu’une mère infanticide devienne une héroïne.A quand la légion d’honneur pour un crime dont elle n’a jamais eu à répondre devant la justice?

Anne Ratier affirme que son souci n’était pas d’éviter la prison. Dans ce cas, pourquoi n’avoir pas assumé son geste en se constituant prisonnière ? Il y aurait eu un procès où elle aurait pu mettre en évidence la responsabilité de la clinique qui a réanimé un bébé mort en sachant qu’il était trop tard pour que le cerveau n’aie pas de lourdes séquelles irréversibles. Elle aurait sans doute eu une peine légère peut-être même avec sursis.

Anne Ratier dit avoir écrit ce livre pour qu’il reste une trace du passage sur terre de cet enfant dont elle dit : «  Je n’ai jamais demandé à ce que l’on me remette un enfant mort-né. » Elle en parle comme d’une chose. Il est évident que la vie de ce petit être n’est que l’histoire d’un rejet.

On peut comprendre le désarroi de cette mère abandonnée par la société et le corps médical portant seule ou presque le fardeau d’un enfant sans avenir qui peut-être n’aurait pas dû être réanimé. Mais les plateaux télé et les avis des uns et des autres ne lui apporteront sans doute pas ce qu’elle espérait. On reste toujours seul avec sa conscience.

Ce livre est très dangereux car si l’on suit la logique d’Anna Ratier , on est en droit de de demander à partir de quel degré de handicap, un être humain est estimé indigne de vivre ? Et là, ça devient vertigineux.

Au nom de la dignité de toutes les personnes nées avec un handicap plus ou moins lourd, il convient de ne pas prendre pour un geste d’amour, ce qui reste malgré tout un assassinat Ce ce n’est pas parce qu’elle est en capacité de mettre au monde un enfant qu’une mère est autorisée à le supprimer s’il n’est pas conforme à ses attentes. En aucun cas un enfant n’appartient à une mère toute puissante ayant le droit de vie ou de mort sur lui.

Pas question de « balancer » l’œuvre de Polanski !

Je n’ai pas assez de mots pour dire ma tristesse et mon indignation en voyant qu’une poignée d’ultra féministes haissant les hommes ont tenté d’empêcher la cinémathèque de consacrer une rétrospective à Roman Polanski.

A la lecture d’Internet, je sais qu’il n’est pas de bon ton de soutenir le cinéaste. Peu s’y aventurent et les gens invités à donner publiquement leur avis sur le sujet n’osent pas aller à l’encontre de la dite émotion des femmes qui ont tenté de perturber la cérémonie en son honneur. Tant pis si je mets les pieds dans le plat mais je n’accepte pas que l’on jette à ce point en pâture à la foule un cinéaste qui a marqué l’histoire du septième art.

Je pense qu’on ne peut pas mélanger l’homme et l’œuvre. Si j’ai vu et apprécié un certain nombre de ses films, je ne connais pas l’homme. Bien des gens qui ne le connaissent pas plus que moi se posent en juges… Sans se poser trop de questions… Concernant ce dont on l’accuse, il y a eu bien sûr l’affaire Samantha Geimer en 1977 . Tout a été dit ou presque à ce sujet et ce, depuis longtemps Samantha a demandé que l’on cesse les poursuites argumentant qu’elle ne se sentait plus victime et qu’elle ne voulait pas toute sa vie être considérée comme telle. Cette raison aurait pu être entendue et sa volonté respectée. Quant à Polanski, on peut dire qu’il en a payé le prix (dans tous les sens du terme).

Depuis que Samantha Geimer refuse de continuer d’endosser le rôle de la victime d’autres « victimes » ont pris le relais et c’est là que ça devient plus douteux.

Actuellement, il devient impossible de remettre publiquement en doute certains témoignages de femmes et personne n’ose le faire. On peut tout de même s’étonner que les femmes qui accusent le cinéaste de viol (et même de viol sur mineure) aient attendu si longtemps pour parler. Pour les affaires qui sont antérieures  à 1977 (viol de Samantha Geimer), pourquoi ne pas avoir emboîté le pas lors du procès ( retentissant ) de la star. ? La justice américaine aurait utilisé ces révélations contre lui. Pour toutes , pourquoi ne l’avoir pas fait en 1988 quand Samantha Geimer a réitéré sa plainte ?

Et pour les plus hésitantes, pourquoi ne pas s’être manifestées en 2009 quand l’affaire a rebondi plus de trente ans plus tard quand Polanski a été arrêté en Suisse ?

On peut s’étonner aussi que toutes ses affaires aient plus de 40 ans. Les prédateurs sexuels tels que Harvey Weinstein ou David Hamilton ou les obsédés comme DSK n’ont pas arrêté leurs pratiques il y a plus de trente ans. Ils ont eu le même comportement pendant des décennies.

Je ne me permettrais pas d’affirmer que les femmes qui accusent aujourd’hui Polanski ne disent pas la vérité mais justement, le problème c’est qu’on ne sait pas . Même en étant de bonne foi, il arrive que la mémoire transforme des souvenirs voire en invente sous certaines influences.

Ces accusations sont invérifiables et c’est pourquoi il faut qu’il y ait prescription surtout si la personne accusée n’a pas eu ce type de conduite depuis des décennies.

Sinon, c’est la porte ouverte à n’importe quoi. Quiconque veut salir une célébrité voire obtenir de l’argent lors d’un procès peut raconter ce qu’elle veut et  si la parole des femmes devenant impossible à remettre en cause, nous nous préparons à vivre des temps difficiles avec la complicité des médias ( que ça arrange bien d’entretenir des scandales pendant qu’Emmanuel Macron s’attaque à la protection sociale).

Roman Polanski a-t-il vraiment eu tort d’évoquer les nazis brûlant des œuvres ? Au rythme où vont les événements, je ne serais pas surprise qu’on en arrive un jour à interdire des livres ou des films d’artistes pris dans la tourmente de « balance-ton -porc ». On ne s’en sortira pas en prenant quelques cibles comme boucs émissaires ni en remplaçant la justice par la vindicte populaire. Diriger la haine des foules contre quelques personnes censées représenter le mal absolu devient décidément très malsain.

Je n’excuse en rien Polanski surtout si ces faits sont avérés mais le pire c’est que l’on n’en sait rien et que quarante ans plus tard on n’en saura probablement jamais rien. C’est pourquoi mis à part l’affaire Samantha Geimer qui ne veut plus être vue comme une victime, pour les autres accusations, il a droit comme tout citoyen à la présomption d’innocence ! Les honneurs du monde du cinéma ne font pas de lui un héros. Ils lui accordent juste la place qui est la sienne au vu de son oeuvre. Et une rétrospective, c’est aussi et surtout pour le public qui a le droit  de  découvrir les films de Polanski ( notamment les plus jeunes).

C’est pourquoi lorsque la cinémathèque consacre une rétrospective à Roman Polanski, pourquoi ne pas y voir qu’un hommage à une figure emblématique du cinéma ? Une rétrospective, c’est un rappel de ce qu’un artiste laissera en testament à l’humanité. Et tant pis pour ceux pour lesquels les œuvres de l’esprit comptent bien moins que les relents de pourriture charriés par la presse à scandales.

 

Peut-on tuer son enfant par amour ?

fillette et maman etsoleil

eut-on tuer son enfant par amour ? Cette question dérangeante peut paraître choquante et brutale mais elle est au centre de la plaidoirie de Maître Dupont Moretti avocat de Laurence Nait Kaoudjt qui comparait devant la cour d’Ile et Vilaine pour le meurtre de sa fille Méline en 2010.

Laurence Nait Kaoudjt vivait seule avec une fille de huit ans lourdement handicapée ne parlant pas et ne marchant pas. Elle avait cessé de travailler pour se consacrer à cette tâche. Dans une effroyable solitude dans le dénuement et à bout de forces, elle ne pouvait plus faire face à se fardeau. Après avoir endormi Méline avec des neuroleptiques, elle l’a étranglée avant de tenter de se suicider.
C’est une histoire bien triste, plus triste encore quand on apprend que le père de l’enfant n’était pas quelqu’un de bien et que Méline est née d’un viol. La justice ne peut pas ne pas être sensible à l’extrême détresse qui fait qu’une femme qui assume seule la charge surhumaine de se consacrer jour et nuit à un enfant lourdement handicapé. Ce calvaire est inimaginable lorsque l’on ne l’a pas vécu.

C’est ce désespoir d’une mère au bout du rouleau qui devrait être au centre du procès. Et l’on devrait se demander pourquoi il n’est pas possible de placer des personnes aussi dépendantes dans des institutions spécialisées avec des éducateurs pour permettre à la fois de soulager les familles d’une tache insurmontable et à l’enfant handicapé de faire des progrès grâce à cet accompagnement. Trop coûteux pour la collectivité ? Les travailleurs sociaux si prompts à enlever les enfants à des femmes seules pour cause de ressources insuffisantes ne voient-ils pas l’urgence de telles situations?Préfèrent-ils faire comme s’ils ne savaient pas ?l est vrai que les carences dans l’accompagnement des enfants handicapés sont dramatiques Malgré les bonnes intentions,bon nombre d’enfants autistes ne sont même pas scolarisés.

Laurence Nait Jaoudjt risque la perpétuité. La justice devrait cependant se montrer clémente, compte tenu du talent de son avocat et de l’extrême détresse de cette mère.

Ce qui est cependant à craindre et qui serait terrible, c’est que l’argument de Maître Dupont Moretti soit entendu. Pour le célèbre avocat, il s’agit certes d’un crime du désespoir lié à une terrifiante solitude mais il y voit avant tout d’un acte d’amour à la fois terrible et « sublime. On repense au »sublime forcément sublime » de Marguerite Duras qui pour l’occasion en 1985 faisait de la littérature en étant « forcément « et sublimement  » dans l’erreur judiciaire concernant Christine Villemin.

Le talent de Maître Dupont Moretti ne doit pas nous égarer car il ne s’agit pas ici de littérature . Peut on affirmer qu’une mère qui étrangle son enfant le fait par amour ? Et si l’on décide que c’est le cas, il faudra alors décider à partir de quel degré de handicap ,les parents sont autorisés à étrangler leur enfant. A moins que pour faire plus propre il ne demandent à la société de s’en charger plus en douceur grâce à l’euthanasie.

Jusqu’où peut -on accepter que des parents aient le droit de vie et de mort sur des enfants qu’ils ne supportent plus ? Après tout, le monstre qui a fait tourner le petit Bastien dans la machine à laver ne l’a-t-il pas fait parce qu’il ne le supportait plus ? Bien entendu, personne n’a a osé parler d’amour parce que cet enfant ne demandait qu’à vivre. Mais dès qu’il s’agit d’enfants handicapés on pourrait donc les tuer par amour ?
Si la Cour d’Ile et Vilaine donne raison à Maître Dupont Moretti, les temps vont être durs pour les personnes handicapées.

Pour juger le geste de Laurence Il va falloir choisir entre le désespoir et l’amour. La psychiatrie propose une troisième possibilité car pour certains experts Laurence serait maniaco dépressive avec de bouffées délirantes ce qui plus qu’un diagnostic ressemble à une lapalissade. Qui ne le serait pas en pareille situation ? Un diagnostic psychiatrique ne peut suffire à masquer les carences d’ l’accompagnement des personnes handicapées et de leur famille

Désespoir ou amour ? Il est tout à fait probable que Laurence aimait Méline et c’est pourquoi Maitre Dupont Moretti parle d’amour.

Mais quand dans les moments de détresse absolu, une mère qui n’en peut plus étrangle de ses mains l’enfant qu’elle aime, à ce moment précis l’amour l’abandonné. Sa tentative de suicide juste après ne change rien. Et c’est de cet acte qu’elle a à répondre devant la justice ?

Il y a deux ans une famille a été retrouvée morte dans un hôtel. Les parents qui étaient confrontés à d’ insurmontables difficultés se sont suicidés en entraînant ( par amour) dans la mort leurs deux enfants autistes) . Ces personnes ne seront pas jugées et pour cause puisqu’elles se sont condamnées avec leurs enfants. Mais il est évident qu’au moment où elles ont décidé que leurs enfants devaient mourir avec eux et les ont tué, le désespoir à parlé plus fort que leur l’amour. Quelque soient les justifications que l’on donne, on ne tue pas ses enfants par amour.

Ce qui fait froid dans le dos , ce sont les procès où une mère ayant tué son enfant handicapé ressort acquittée sous les applaudissements de la salle. Sous prétexte de compassion envers la mère, c est la haine du grand handicap et le refus de toute solidarité sociale envers les personnes qui en ont le plus besoin que la société salue par de tels applaudissements.

Viviane Lambert : Une Antigone d’aujourd’hui

ouvertures portes 2

Pourquoi les temps que nous vivons évoquent-ils de plus en plus souvent l’ambiance d’un drame antique ? Si Antigone a été citée par le Premier Ministre grec à un moment crucial de l’histoire de ce pays, plus près de nous,  il est  des actes courageux qui me font penser à l’héroïne de la pièce de Sophocle.

Au risque de choquer, pour moi le combat de Viviane Lambert est de cette nature. À première vue, cette femme ne ressemble en rien aux jeunes Antigone que nous avons pu voir au théâtre mais le force de son engagement pour la vie de son fils Vincent force l’admiration. Á part quelques milliers de signataires de sa pétition de soutien , elle est à peu près seule contre tous.

Pour enfoncer le clou, le Parisien a publié un sondage pour dire que 88 % des gens désapprouvaient l’acharnement judiciaire autour de cette affaire.

Depuis quand interroge-t-on les gens sur l’opportunité ou non de saisir la justice dans une affaire privée ?  Si l’on en croit ce sondage 88 % des gens seraient donc contre Viviane Lambert ?

Et si l’on avait fait un sondage pour demander aux gens s’il fallait condamner à mort Patrick Dills ou Richard Roman innocents des crimes dont on les accusait, combien de gens auraient voulu les envoyer à la guillotine ?

Pour déchaîner un peu plus les passions  ,on fait un sondage pour désigner à la vindicte populaire une mère qui se bat pour maintenir en vie son fils qu’elle aime et l’on comptabilise les pourcentages de gens qui la condamnent ?

Nous sommes tombés bien bas ! Ce sondage est crapuleux . Certes, toutes ces procédures judiciaires à rallonge, ce n’est pas très élégant surtout lorsque les médias s’en emparent, mais avec ses tâtonnements et ses insuffisances , la justice permet au moins de poser des questionnements éthiques au-delà des réactions partisanes et idéologiques.

Si je compare Viviane Lambert à Antigone, c’est parce qu’avec l’amour , la mort, le sacré, le poids de la fatalité ( l’accident) , les déchirements familiaux et la confrontation aux lois, tous les ingrédients de la tragédie grecque sont réunis.

La question centrale de l’affaire Lambert reste la mort. La société et les divers jugements ont décrété que Vincent Lambert devait mourir. Pour Viviane Lambert, tout ce qui se dit de l’état de son fils n’est pas la vérité. Le corps médical est d’ailleurs plus divisé qu’il n’y paraît sur les réponses  à apporter. Viviane Lambert communique avec son fils. Ceci peut faire ricaner un Laurent Ruquier qui avait placé Viviane Lambert n°1 de son Flop Ten. Pourtant, une mère garde ( pour peu qu’elle y soit sensible ) un lien affectif et spirituel étroit avec l’être qu’elle a porté. Lorsqu’il se trouve dans une très grande vulnérabilité ce lien maternel qui dans sa l’enfance lui a permis d’assurer sa protection peut se réactiver.

La sacralité de l’amour maternel n’est pas du domaine de la médecine et encore moins celui de la politique ni des lois qui d’ailleurs l’ont balayé par idéologie afin de promouvoir le mariage pour tous.

Comme Antigone qui par amour et par spiritualité, enterre son frère Polynice contre l’avis de Créon qui la condamne à mort, Viviane Lambert se bat pour son fils.

Certes, elle ne risque pas la mort comme Antigone mais la haine collective qui s’abat sur cette femme fait d’elle une paria.

Contrairement à Antigone qui avait le soutien du peuple, Viviane Lambert semble avoir l’opinion publique contre elle. Si j’écris “ semble” c’est que les sondages sont manipulés . Il est vrai que cet acharnement judiciaire a des aspects malsains . A la limite, j’aurais pu faire partie des 88 % selon la façon dont on présente les choses. Viviane Lambert a-t-elle un autre choix à l’heure où son fils est condamné par le corps médical et la justice et( nous dit-on )par la société ?

Il faut croire que le public s’est lassé de cette histoire comme il se lasse des séries TV trop répétitives. Le spectacle ne  l’amuse plus.

Mais lorsque la société trouvera le cadre juridique pour abréger la vie de personnes trop lourdement handicapées, d’enfants trisomiques, de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer puis en repoussant plu loin les limite d’un grand nombre de personnes affaiblies dépressives ou schizophrènes ou autistes,les gens comprendront que nous sommes entrés dans une autre ère en laquelle il ne fait pas bon être vieux malade ou handicapé. Trouveront-ils encore ça normal? Peut-être, tant ils sont formatés pour être transparents, efficaces et utiles tant qu’ils sont en bon état de marche. La bien-pensance et le politiquement correct sont ont désormais produit un succédané humanité auquel l’absence de spiritualité condamne. Cet humanisme de façade n’a pas besoin d’être éprouvé pour s’exprimer.

Et dans ce kit moral compassionnel proposé que les gens acceptent parce qu’ils le valent bien, il n’y a plus de place pour les personnes infirmes dépendantes ou assistées . Le mourir digne est la conclusion logique du vivre ensemble, un vivre ensemble qui n’admet d’ailleurs pas les personnes lourdement handicapées.

Ne restent plus que des héros ou des héroïnes de tragédie grecque pour tenter réveiller notre conscience. Mais qui est prêt à les entendre ?